Valentin Callipel parle d’intelligence artificielle et droit à Radio Canada

Extrait de l’article :

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Mais il y a aussi des tâches actuellement accomplies par des professionnels qui pourraient à plus ou moins long terme être automatisées. C’est notamment le cas dans un domaine aussi conservateur que le droit. Le laboratoire de cyberjustice de l’Université de Montréal est à l’affût de tous les développements technologiques susceptibles de toucher les professions juridiques. L’intelligence artificielle arrive très haut dans la liste des technologies disruptives.

Le jeune avocat Valentin Callipel est intarissable quand il parle des applications juridiques de l’intelligence artificielle. Il explique que le droit, c’est de l’information. « On ne peut pas encore modéliser le raisonnement juridique. Mais on dispose de plus en plus d’outils pour le faire et on s’en rapproche », explique-t-il.

La compréhension et le traitement de ces informations constituent en fait le raisonnement juridique. À partir du moment où ces informations deviennent accessibles à travers les banques de données massives et qu’on peut les traiter avec de l’intelligence artificielle, cela ouvre de nouvelles perspectives

« Pensez au traitement et à l’examen de grandes quantités de contrats lors des acquisitions et fusions d’entreprise. Ce que l’on appelle les vérifications diligentes qui visent à cerner tous les risques comptables. Dans certaines transactions de grande envergure, il faut parfois des mois pour examiner des milliers de contrats. Avec l’intelligence artificielle, les clauses les plus problématiques pourraient être directement ciblées par le système. Ce serait un gain de temps très appréciable », affirme Valentin Callipel.

Mais il n’y a pas que les grandes entreprises qui pourraient en profiter. Il y a aussi les justiciables en général. Il n’est pas du tout impensable que dans quelques années, un avocat armé d’un ordinateur puisse interroger le système et toutes les banques de données jurisprudentielles afin de pouvoir très rapidement dire à son client quelles sont les chances de succès probables de son recours.

« Les justiciables pourront déterminer rapidement si le jeu en vaut la chandelle. Cela fait conséquemment diminuer les coûts. Pour la première fois, cela permettrait à la justice d’être beaucoup plus accessible. C’est un volet révolutionnaire », soutient le jeune avocat.

« Au cours du siècle précédent, on a fait naître des tas de lois pour protéger les droits des citoyens. Au cours de ce siècle, on va tenter de les concrétiser et permettre aux citoyens d’en bénéficier. »

Valentin Callipel

Évidemment, cela pourrait signifier des pertes d’honoraires considérables pour les avocats. Valentin Callipel le reconnaît. Selon lui, tout le secteur des services est d’ailleurs inquiet en ce moment avec les avancées de l’intelligence artificielle. Il va falloir trouver une nouvelle façon de composer avec ces technologies, quitte à se redéfinir.

Personne ne sait quelles tâches survivront au rouleau compresseur des machines intelligentes. Personne ne sait non plus s’il y aura du travail pour tout le monde dans quelques décennies. La révolution qui s’annonce est différente de toutes les autres. Pour la première fois, les machines vont cognitivement entrer en compétition avec des humains. Les conséquences sont encore très difficiles à mesurer.

Pour en savoir plus…

 

Pour écouter l’émission radio : http://ici.radio-canada.ca/emissions/desautels_le_dimanche/2016-2017/

 

Ce contenu a été mis à jour le 25 juillet 2019 à 11 h 05 min.